L’histoire du cinéma Opéra

Article : Alain Moyat (publié en 2019)

Le cinéma Opéra,  de Reims a fermé ses portes rue Théodore-Dubois pour se transformer en appartements de standing. Pour le plus grand plaisir des cinéphiles, heureusement,  il revit à quelques dizaines de mètres de là, Place Drouet-d’Erlon.

Nouvelle identité : il s’appelle l’Opéraims.   Augmentation de l’offre cinématographique : l’établissement de loisirs comptera cette fois onze salles d’une capacité totale de 1600 places, dont cinq écrans Art et essai.

A quelques heures du clap de fin du cinéma l’Opéra, retour sur son histoire marquée par la famille Reynaud qui y a investit passion et argent.

La salle de gymnastique devient théâtre et cinéma

Avant de devenir  le paradis des amateurs de cinéma Art et essai, le cinéma Opéra, né officiellement en 1925, trouve ses origines dans une salle de gymnastique. C’est en effet au 58 rue de Vesle que s’est installé le cinématographe Aéro-Cinéma avant la première guerre mondiale. Détruit lors d’un bombardement en 1912, il renaît en 1922, sous l’impulsion de MM. Verbiest et Joyeux bénéficiant de dommages de guerre.

Surfant sur la nouvelle mode de l’aviation et rebaptisé l’Aéro-Palace, le bâtiment pensé par les architectes Thion et Rousseau  accueille 1450 places . Dans sa grande salle avec double escalier, fosse d’orchestre, loges balcons et bar, le public peut voir des spectacles de toutes natures: théâtre, opéra, chants lyriques, concerts ou cinéma.

Grande coupole ouvrable,  verrières, appliques, lustres, fresques à l’antique, moulures et staff, teintes blanc crème rehaussées d’or, l’Aéro Palace est inauguré en 1923 (1). L’extérieur avec son entrée rue de Thillois est aussi prestigieux avec une façade qualifiée à l’époque de « Modern style »pour son exubérance ornementale : fronton arrondi, tympan orné de mosaïques, marquise galbée, le tout, aujourd’hui dans un salle état, mais classé au Monuments Historiques.

Pierre Reynaud rachète l’Opéra à la Paramount en 1957

C’est en 1957 que Pierre Reynaud rachète à la Paramount l’établissement devenu l’Opéra en 1924. La salle de cinéma peut accueillir 1200 places. Des travaux sont réalisés en 1961 pour agrandir la scène existante qui n’avait que 7,30 m de largeur et installer un écran concave de 18 m qui roule sur deux rails permettant ainsi l’utilisation de la scène pour du music-hall, des concerts (Brel, Bécaud, Brassens, ..)

Pierre Reynaud décède dans un accident de voiture en juin 1968. C’est son frère Daniel qui entreprend de juillet 1979 à octobre 1981, de gigantesques travaux sur trois niveaux sous la conduite de l’architecte Vincent Wynsberghe. Mission: transformer la salle unique de 1250 places en un complexe de 5 salles avec une grande salle de 784 places avec son Dolby directement aménagée sous la coupole de l’ancienne avec un grand écran là où il y avait le balcon. Quatre autres salles de 246, 124, 101 et 100 places complètent l’équipement. La nécessité de mettre hors d’eau le sous-sol oblige à creuser beaucoup plus le site, utiliser des pompes et couler des dizaines de tonnes de béton supplémentaires. L’opération complexe permet toutefois de dégager un espace supplémentaire suffisant pour créer la salle de 100 places. Au terme de quinze mois de travaux l’Opéra rouvre ses portes cette fois rue Théodore Dubois en diffusant  notamment « Dans la peau d’un flic »avec Delon, un James Bond : « Rien que pour vos yeux », Tarzan l’homme singe et « la vie continue »avec Annie Girardot.

Jean-Fabrice Reynaud à la barre en 1986

Destin cruel, le 24 janvier 1986 Daniel Reynaud perd aussi la vie dans un accident de voiture.

Jean-Fabrice Reynaud, son neveu, rachète le complexe familial. En 1991, après l’acquisition d’un terrain mitoyen de gros travaux permettent d’adjoindre un salle de plus au complexe de 75 places avec un écran de 6 mètres en pano plan cadre. Dans la foulée, réfection des salles avec l’installation d’écrans murs à murs pour un investissement global de 3, 6 millions de francs.

En 1997, face à l’arrivée sur l’agglomération rémoise de plusieurs projets cinématographiques (2), l’Opéra s’est associé au groupe Gaumont pour un projet de multiplexe  de 12 salles à Thillois initié par le groupe  Kinépolis qui a ouvert en 2000.

En contrepartie, l’Opéra s’est engagé à devenir une salle Art et Essai de référence. Ce qu’elle est devenue depuis 2.000 obtenant années après années, notamment sous l’impulsion de sa directrice Annette Hessois , son classement art et essai avec les trois labels.

On attend maintenant avec impatience l’ouverture de l’Opéraims.

Alain MOYAT

  1. Le jour de l’inauguration le public put notamment entendre un orchestre interpréter « Mireille » puis le début des « Noces de Figaro », avant de voir le film : « les hommes nouveaux »tiré du roman de Claude Farrère. Quant à l’opéra lyrique il semble bien  qu’en raison d’une mauvaise acoustique on y interprétera que deux fois le « Guillaume Tell « de Rossini…Entre le bruit des bouchons de champagne qui sautaient dans les loges et l’ambiance dans la salle qu’on rallumait pour changer les bobines on ne s’ennuyait pas à l’Aéro Palace.
  2. Le groupe anglo Saxon Village road show avait un projet de cinéma de 200MF à Cormontreuil. Avec la ville de Reims  le groupe belge  Bert comptait monter un complexe cinématographique de 200MF à La Neuvillette.

Sur ReimsAvant voir ce montage de 2016 :

Et sur Archi Reims Déco, voir tous les détails, article de 2016 :

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