Robert Denoncin et l’aéronautique

Article et photographies : François Denoncin

Comme son cousin germain Maurice, Robert Marie Denoncin, né à Reims le 22 novembre 1886, partagea de même l’engouement de sa génération pour la nouvelle aventure aéronautique dont Reims fut le creuset privilégié.

Si Maurice s’intéressa prioritairement aux premiers aéroplanes et aviateurs https://documentation-ra.com/2022/08/22/maurice-denoncin-et-laeronautique/ , Robert se tourna en particulier vers les ballons sphériques – aérostats et leurs aéronautes – aérostiers durant les années 1909/1911.

Robert est le fils unique de Paul Denoncin (1854 Reims – 1904 Reims), ingénieur des Arts et Manufactures – centralien 1875, directeur en 1886 puis associé en 1898 à la fabrique rémoise de tissage Poullot rue Saint-Thierry. Sa mère, Marie Mathilde Varin (1863 Reims – 1887 Reims) décède en juillet 1887, et son père Paul Denoncin décède en juillet 1904, Robert a alors 17 ans. Son oncle Albert Denoncin (1852 Reims – 1924 Reims) sera son tuteur.

En 1908, Robert Denoncin est soldat au 132e régiment de ligne, en garnison à Reims.

Robert Denoncin, lieutenant au 106e Régiment d’Infanterie, est « Mort pour la France, tué à l’ennemi » le 10 septembre 1914, lors des combats de la nuit du 9 au 10 septembre à Rembercourt-aux-pots (Meuse), 1ère bataille de la Marne. Il repose à la Nécropole nationale « Rembercourt-aux-Pots », tombe individuelle 432.
http://14-18.documentation-ra.com/2014/06/2014-06-2-une-famille-remoise-dans-prise-dans-la-tourmente-de-la-guerre/

Maurice Genevoix (1890-1980) était alors sous-lieutenant au 106e R.I., d’août 1914 à avril 1915 / Voir son ouvrage Ceux de 14 , Flammarion. Écrivain, combattant, membre de l’Académie Française, Maurice Genevoix a fait son entrée au Panthéon le 11 novembre 2020. Par sa panthéonisation, c’est aussi tous « ceux de 14 » dont ses compagnons d’armes du 106 R.I. qui ont été honorés.

De nombreuses mentions dans la presse sportive et aéronautique, de 1908 à 1912, dont dans « L’Aérophile » (Gallica-BnF) qui publiait le Bulletin officiel de l’Aéro-Club de France, témoignent de l’intérêt de Robert Denoncin pour l’aventure sportive des ballons sphériques : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6552191k/f9.item.zoom#

L’enthousiasme de Robert Denoncin pour l’aventure de la locomotion aérienne et en particulier des ballons sphériques se concrétisa par son admission à l’Aéro-Club de France qui lui fut accordée par son Comité de direction lors de sa séance du 5 novembre 1908, Robert allait avoir 22 ans.

Le 15 juin 1909, la commission d’aviation de l’Aéro-Club de France « a adressé des remerciements à M. Denoncin, pour la création d’un prix de 1.000 francs que l’Aéro-Club de France est chargé d’organiser ». Cette même séance mentionne la « Semaine de Reims. – Elle rappelle également que la clôture des engagements pour la Semaine de Reims et pour les éliminatoires de la Coupe Gordon-Bennett est fixée au 22 juillet ».

La commission d’aviation du 27 juillet 1909 a élaboré les règlements des nouveaux prix, de 1.000 francs chacun, dont celui du prix Robert Denoncin.

La commission d’aviation du 27 juillet 1909 a élaboré les règlements des nouveaux prix, de 1.000 francs chacun, dont celui du prix Robert denoncin.
Lors de la « Grande semaine d’aviation de champagne », la journée du 26 août 1909 est consacrée au Concours de ballons sphériques dont le départ se tient Place du Boulingrin à Reims.
Il sera suivi le 26 septembre 1909 du « Concours du Grand Prix de l’Aéro-Club de France »à Paris à l’esplanade des Invalides :

Concours d’Automne et Prix Robert Denoncin pour ballons sphériques :

Le 7 octobre 1909 le Comité de direction de l’Aéro-Club de France précise que « Le prix Denoncin (concours d’atterrissage pour ballons sphériques) sera disputé le dimanche 7 novembre, au parc de l’Aéro-Club de France, à Saint-Cloud. La Commission des sphériques en arrêtera le programme ».

Le 12 octobre 1909, la Commission des sphériques de l’Aéro-Club de France précise que « Le Concours d’automne et Prix Denoncin, généreusement doté de 1.000 francs de prix par M. Robert Denoncin, membre du Club, est fixé au 7 novembre 1909 ». « Il consistera en un concours d’atterrissage (point fixé par les commissaires) réservé à 12 ballons des 1re et 3e catégories. Prix répartis comme suit : 1er prix : 400 francs ; 2e prix : 300 francs ; 3e prix : 200 francs ; 4e prix : 100 francs ».

« Le concours d’Automne généreusement doté par un membre du club, M. Robert Denoncin, s’est disputé le 7 novembre 1909. Il consistait en une épreuve d’atterrissage au plus près d’un point désigné par les commissaires sportifs. Si les progrès des autres modes d’aérolocomotion avaient pu faire concevoir quelques craintes pour la vitalité du sport aérostatique, la fête du 7 novembre si parfaitement réussie, suffirait à les dissiper. Au parc des Coteaux de Saint-Cloud, encore verdoyant et fleuri en cet automne clément, par une journée radieuse d’arrière-saison, une assistance aussi nombreuse que jamais et particulièrement élégante était venue assister, au départ des douze concurrents. Ils prirent l’atmosphère à partir de 3 heures dans l’ordre suivant :

L’aéronaute Ernest Barbotte

Korrigan (900 m3), pilote : M. A. Omer-Decugis ; passagers : M. et Mme Maurel. _ Picardie (1.200 m3), pilote : M. Maurice Bienaimé ; passagers : MM. Ostheimer et Moreau. _ Quo-Vadis (1.200 m3), pilote : M. André Schelcher ; passagers : M. et Mme Henriquez, MM. Klotz et le docteur Crouzon. _ Moucheron (900 m3), pilote : M. Jean de Francia ; passager : M. Roger Minchin. _ Aéro-Club III (1.200 m3), pilote : le lieutenant Bellenger ; passager : le lieutenant Bergognié. _ Pégase (900 m3), pilote : M. Emile Carton ; passagers : M. G. Dubois-Le Cour, Mlle Carton. _ Aurore-III (900 m3), pilote : M. L. Duthu ; passagers : MM. Delebecque, Joigneaux. _ Archimède (900 m3), pilote : M. G. Blanchet ; passagers : Mme F. de Carrascosa, le comte de Moy. _ Le Faune (900 m3), pilote : M. Georges Bricart ; passagers : M. A. Bourdet. _ Esterel-III (900 m3), pilote : M. Ernest Barbotte ; passagers : M. et Mme L. Lemaire. _ Balladeur (900 m3), pilote : M. Frod ; passager : le vicomte de Montozon.

L’Aéro-Club-IV (900 m3) qui devait être piloté par M. Pierre Gasnier, se fit une déchirure au-dessous de l’équateur pendant le gonflement et les commissaires autorisèrent le pilote à ne pas prendre le départ, l’obscurité ne devant pas lui permettre de défendre utilement sa chance. Le ballon réparé s’éleva néanmoins à la tombée de la nuit, sans prendre part à l’épreuve et monté par M. Clarke. Les commissaires sportifs : MM. Georges Besançon, Alfred Leblanc* et Paul Tissandier* avaient fixé comme point à atteindre la jonction des routes d’Orsay à Limours et de Saint-Rémy à Limours, à 1 kil. au N. de Limours. MM. Alfred Leblanc et Paul Tissandier avaient été désignés pour se rendre en auto dans la région à atteindre afin de vérifier de visu les points d’atterrissage.

* Alfred Leblanc, Paul Tissandier ont participé également à la Grande Semaine de l’aviation de la Champagne de 1909

Les concurrents atterrirent très bien groupés autour du point indiqué. Voici le classement d’après le rapport des commissaires qui sera soumis à l’homologation de la commission sportive : 1er prix (400 fr.), M. Barbotte, atterrissage à la ferme du Jardin, à 1 kil. 300 du point fixé. 2e prix (300 fr.), M. Carton à 450 m. E.S.E. de la ferme de la Bennerie à 2 kil. 300 du point désigné. 3e prix, M.L. Duthu entre la Frileuse et Roussigny, à 3 kil. 200 du point désigné. 4e prix (100 fr.), Ex-aequo : MM. Jean de Francia et G. Bricard, entre la Frileuse et Roussigny à 3 kil. 250. du point désigné. Viennent ensuite dans l’ordre : M. Bienaimé à 1 kil. S.-E. de Gometz-la-Ville, près de la route, à 3 kil. 300 du point désigné. Le lieutenant Bellenger, à 100 m. N.-O. du château de Frileuse à 3 kil. 600 du point désigné, faisant escale et repartant seul pour atterrir définitivement le lendemain matin à Breuil-Chaussée, à 8h.25. MM. Georges Blanchet, André Schelcher, Albert Omer-Decugis et Frod ».

Jacques Balsan

Aéronautique et aviation, le prix Robert Denoncin gagné par l’aviateur Jacques Balsan :

Le dimanche 12 décembre 1909, dans la matinée, en présence des commissaires sportifs, Jacques Balsan, à Pau, a couru le prix Robert Denoncin, de l’Aéro-Club de France. Il a couvert 12 kilomètres au lieu de 5 imposés par le règlement. Les commissaires officiels étaient MM. Leblanc, le prince Bibesco, Couget, Garet et Maraud.

L’Assemblée générale statutaire de l’Aéro-Club de France : Le 4 mars 1910, Maurice Denoncin, 21 ans, et son cousin Robert Denoncin, 23 ans, enfants de Reims, participèrent à l’Assemblée générale statutaire de l’Aéro-Club de France qui s’est tenue à son siège social à Paris 8e, au 63 avenue des Champs-Elysées. 

Le 16 juin 1910, Robert Denoncin participe au Palais d’Orsay au Banquet de l’Aéronautique Militaire offert par l’Aéro-Club de France en l’honneur des officiers-aviateurs et des officiers-aéronautes militaires. Manifestation présidée par MM. le général Brun, ministre de la Guerre, Albert Sarraut sous-secrétaire d’État à la Guerre, et L.-P. Cailletet, président de l’Aéro-Club de France.

Commission des ballons sphériques du 26 mai 1910

« La Commission renouvelle ses remerciements à M. Robert Denoncin, pour la coupe qu’il a si généreusement offerte ». (L’Aérophile)

« La commission a également adopté le règlement de la Coupe Robert Denoncin. Elle a décidé que cette coupe, à laquelle est jointe une prime de 1.000 francs, serait attribuée au pilote qui aura effectué le voyage de plus longue distance entre le 1er juin 1910 et le 31 mai 1911 ». (Gil Blas, 28 mai 1910, p. 4/4).

Aéro-Club aux coteaux de Saint-Cloud. (Photo L’Aérophile, p. 331) 

« La date du Grand Prix de l’Aéro-Club de France a été fixée au dimanche 26 juin. Le concours sera ouvert à 20 ballons de première, deuxième et troisième catégorie. Les départs auront lieu de 1 heure à 6 heures du soir ». (Gil Blas, 28 mai 1910, p. 4/4).

Le dimanche 26 juin 1910, le 6e Grand Prix de l’Aéro-Club de France – des Ballons Sphériques – se tient au Parc de l’Aéro-Club aux coteaux de Saint-Cloud.

Deuxième Exposition Internationale de Locomotion Aérienne – Salon de l’Aéro-Club de France – Coupe Robert Denoncin

Du 15 octobre au 2 novembre 1910 se tient à Paris au Grand-Palais la 2e Exposition Internationale de Locomotion Aérienne. « Le Salon de l’Aéro-Club de France au Grand-Palais, est situé à l’extrémité nord de la grande nef. On y a exposé, cette année, les Coupes Michelin, Archdeacon, Robert Denoncin et Augières, les portraits de plusieurs aviateurs et aéronautes, par M. Jacques Weismann, des cartes aéronautiques et les pavillons des Sociétés affiliées et des pilotes, etc. ». (La Presse, 21 octobre 1910, p. 2/4).

Début janvier 1911, parmi les prix 1911 réservés à l’Aéro-Club de France aux pilotes d’aérostat, la Coupe Robert Denoncin (objet d’art d’une valeur de 1.000 fr.), coupe de distance, est toujours à disputer jusqu’au 31 mai 1911. (L’Intransigeant, 5 janvier 1911, p. 3/4 ; Excelsior, 25 février 1911, p. 10/12).

Deux prix à gagner au 31 mai 1911 : « Les pilotes d’aérostats gagneront, au 31 mai, deux prix, dont l’échéance avait été fixée à cette date par les donateurs : 1° La Coupe Robert-Denoncin, d’une valeur de 1.000 francs, accompagnée d’une prime de 1.000 francs espèces, sera attribuée au plus grand voyage (minimum 500 kilomètres), effectué en ballon depuis le 1er juin 1910 par les concurrents spécialement engagés. Cette coupe ne pouvait être disputée en même temps qu’une autre coupe, ni dans un concours. 2e Le prix Eugène-Hue, (…). Les dates de départ pour la coupe Robert-Denoncin et le prix Eugène-Hue sont facultatives jusqu’au 31 mai 1911. » (Le Petit Journal, 28 mai 1911, p. 2/6).

Jules Dubois

La Vie Aérienne – 1.000 Kilomètres en ballon : « L’aéronaute Jules Dubois est parti, jeudi soir, du parc de l’Aéro-Club de France, aux coteaux de Saint-Cloud, seul à bord du petit ballon L’Eilati (500 m3), gonflé au gaz hydrogène. Il était engagé pour la Coupe de distance Robert Denoncin. Jules Dubois vient de télégraphier à l’Aéro-Club de France qu’il a atterri hier matin, au-delà de Gratz (Hongrie), à plus de 1.000 kil. de Paris. L’Eilati a vogué sous la rafale, dans des tourbillons de neige, pendant cinq heures, à une vitesse moyenne de 85 kil. à l’heure, c’est dire la violence de la bourrasque d’Ouest qui vient de souffler sur nos régions ». (Paris, 1 mai 1911, p. 3/4).

Commission des Ballons Sphériques du 14 juin 1911 de l’Aéro-Club de France : Prix « Robert Denoncin » et « Prix Eugène Hue ». Les rapports concluant à l’attribution de la Coupe Robert Denoncin à M. F. Dubois et du Prix Eugène Hüe à M. Bouchez sont transmis à la Commission sportive. (L’Aérophile 1911, 1er juillet 1911, p. 325).

Aérostation – La Coupe ROBERT-DENONCIN, épreuve de distance pour sphérique, attribuée à l’aéronaute Jules Dubois : « La Commission sportive de l’Aéro-Club de France a homologué le 7 juillet 1911 l’attribution définitive à l’aéronaute Jules Dubois de la Coupe Robert-Denoncin, conquise par la belle ascension du 27 avril. La clôture de l’épreuve avait lieu au premier juin.

Les circonstances dans lesquelles ce prix a été gagné, méritent d’être rappelées.

Le 20 juin 1910, Jules Dubois faisait une première tentative en partant en ballon de l’usine à gaz d’hydrogène de Lamotte-Breuil, accompagné de M. Hugo Cahen d’Anvers.

Le vent tourna, et obligea les aéronautes à jeter l’ancre au Tréport. La distance n’avait été, cette fois que de 140 kilomètres.

Le 22 février 1911, une deuxième tentative fut faite par Jules Dubois. Il partait du parc de l’Aéro-Club aux coteaux de Saint-Cloud, seul à bord du petit ballon Eilati (500 m3) gonflé au gaz d’éclairage. Il franchit 850 kilomètres, et atterri à Prachatitz, en Bohème.

Désireux de faire mieux encore, et de s’attribuer la coupe Robert-Denoncin, par plus de 1.000 kilomètres, Jules Dubois a fait une troisième tentative le 27 avril 1911.

Cette fois, le petit Eilati avait été gonflé à l’hydrogène, pour emporter le maximum de lest. Toujours seul à bord, Jules Dubois s’est élevé du parc des coteaux de Saint-Cloud. Après 12 heures de voyage, à la vitesse moyenne de 85 kilomètres à l’heure, la descente s’est faite à Unterlassnitz (Styrie).

Ce voyage magnifique de 1.010 kilomètres, à une allure vertigineuse, constitue peut-être le record mondial de vitesse pour tous genres de locomotion, sur plus de 1.000 kilomètres.

Dans ce dernier voyage, Jules Dubois eut pour points de repères Nancy, Strasbourg, Munich, Salzbourg, etc

Une tourmente de neige, qui enveloppa le ballon pendant tout le reste du voyage, cacha à l’aéronaute les hautes cimes des Alpes, même à l’altitude de 3.000 mètres.

La Coupe Robert-Denoncin comptera parmi les épreuves de distance les plus brillamment disputées ».
(L’Aérophile 1911, 1er août 1911, p. 373).

Aéronautique – Le VIIe Grand Prix de l’Aéro-Club de France, le 17 septembre 1911
Douze ballons sphériques ont quitté le parc de l’Aéro-Club, à Saint-Cloud :

Maurice Vernanchet, Aéro-Club des Ardennes

« Poussés par un vent fort, les douze ballons concurrents du grand prix de l’Aéro-Club de France ont quitté hier le parc des coteaux de Saint-Cloud, et pris la direction des Sables-d’Olonne. Les pilotes descendront donc à quelques 400 kilomètres de Paris. Il en fut ainsi dans cette même épreuve, en 1906.

M. (Maurice) Vernanchet partit le premier, à 4 h. ½ , emmenant, comme compagnon de voyage dans sa deux cent douzième ascension, M. (Robert) Denoncin.

poursuite de l’ancien pilote du ballon de captif de l’exposition de 1900.

 Jules Dubois ne tarda pas non plus à prononcer le « lâchez tout » vers la victoire espère-t-il. Il sera aidé par M. Jean de Francia.

Ce fut ensuite le tour de M. Pesson-Didion et de M. Edgar Bonnet, puis le « colonel » Blanchet s’installa dans un ballon et se prépara à gagner pour la quatrième fois, malgré la volonté du sort, le Grand Prix de l’Aéro-Club de France, sous le pseudonyme de M. Ravaine, pilote porté au programme, mais bien plutôt simple passager.

Jusqu’à présent, M. Rumpelmayer avait accompagné M. Bienaimé dans ses longs voyages ; hier, ce fut le recordman de l’altitude qui monta à bord du sphérique de M. Rumpelmayer.

Les six premiers globes d’hydrogène avaient emporté deux personnes. M. Leloup préféra emporter 60 kilos de lest et rester seul dans sa nacelle. Et M. A. Bœgler ensuite agit de même.

La musique du 1er régiment du génie joua la Marseillaise pour célébrer la quarante-deuxième ascension de Mme Surcouf, à laquelle Mme G. Goldschmidt tiendra compagnie pendant cette nuit passée en plein ciel.

MM. Delebecque et Albert Omer-Decugis, dans un ballon bizarre, tout tacheté de noir (c’est la peau d’un ancien dirigeable-réclame mis en réforme), s’en allèrent, salués de pronostic favorable.

Seul aussi M. Aumont-Thiéville pris le départ. Sa valeur de pilote et le soin qu’il prenait d’emporter une plus grande quantité de lest, en ont fait le grand favori.

Et enfin M. Pierron monta, avec M. Bouchez, dans le dernier ballon ».
(Le Matin, lundi sportif, aéronautique, 18 septembre 1911, p. 5/8).

AERONAUTIQUE. M. Albert Boegler est le gagnant probable du Grand Prix de l’Aéro-Club de France.

« Comme nous l’avons dit hier, il est presque certain que c’est M. Albert Boegler qui sera déclaré vainqueur du 7e Grand-Prix de distance de l’Aéro-Club de France. Il est toutefois encore impossible de donner le classement officiel, car quoique l’on connaisse le lieu d’atterrissage des douze pilotes participant à l’épreuve, certains d’entre eux n’avaient pas encore n’avait pas encore fait parvenir hier soir leur carte à l’Aéro-Club. Voici toutefois le classement officieux que nous avons établi d’après les télégrammes reçus à l’Aé C. F.

Mme Surcouf (Stella-III), à Villemain (Loir-et-Cher), dimanche soir, à 10 heures. Passager : M. Goldschmidt. Distance 120 kilomètres environ.

M. Vernanchet (Les-Ardennes), à Barron, près de Châtellerault, lundi, à 2 heures du matin. Passager : M. Denoncin. Distance : 350 kilomètres environ.

M. Richard Clouth (Nippes-II), à Sainte-Hermine (Vendée), lundi, à 8 heures 20 du matin. Passager : Mme Clouth. Distance : 350 kilomètres environ.

M. Georges Ravaine (Excelsior-II), à Chaix, près de Fontenay-Le-Comte, lundi, à 1 heure 30. Passager : M. Georges Blanchet. Distance : 360 kilomètres environ.

M. Jules Leloup (Zodiac), à Saint-Denis-Chevane, près La Roche-sur-Yon (Vendée), lundi, à 1 heure 8. Distance : 370 kilomètres environ.

M. Rumpelmayer (Boule-de-Gomme), ile de Noirmoutier, lundi, à 7 heures 45 du matin. Passager : M. Bienaimé. Distance : 390 kilomètres environ.

M. Delebecque (Don-Quichotte), aux Sables-d’Olonne, lundi, à 7 heures 15 du matin. Passager : M. Omer Decugis. Distance : 390 kilomètres environ.

M. Louis Pierron (Hélène), à dix kilomètres au nord-est de La Rochelle, lundi, à 4 heures 30. Passager : M. Bouchez. Distance : 395 kilomètres environ.

M. Pesson Didion (Endymion), à la Chapelle-des-Pots, près de Saintes (Charente-Inférieure), lundi, à midi. Passager : M. Bonnet. Distance : 415 kilomètres environ.

M. Jules Dubois (Moucheron-2), à Saint-Bonnet (Charente-Inférieure), lundi, à 4 heures 7 après-midi. Passager : M. de Francia. Distance : 460 kilomètres environ.

M. Aumont-Thiéville (Puzzle), à Bussac, près de Blaye (Gironde), lundi, à 3 heures après-midi. Distance : 475 kilomètres environ.

M. Boegler (Etoile), à Cubnezais, près de Cavignac (Gironde), lundi soir, à 6 heures. Distance : 485 kilomètres environ.

M. Albert Boegler fait partie de la Société de la Société des Anciens aérostiers militaires. Il pilotait seul son ballon de 900 mc. L’Etoile et exécutait sa cinquante-sixième ascension. Quoique gagnant pour la première fois le Grand-Prix de l’Aé. C. F., M. Boegler réussit de magnifiques voyages. En 1902, il traversait le Zuiderzee. L’année suivante, il ascensionna au-dessus des Alpes, enfin, dans la deuxième éliminatoire du Prix Deutsch (de la Meurthe), il franchit la distance de 580 kilomètres qui sépare Saint-Cloud de Hourburg (Allemagne) en 16 heures.

M. Jacques Aumont Thiéville était également seul à bord du Puzzle. Il s’était l’an dernier révélé comme un pilote de première classe en prenant la seconde place dans les éliminatoires du prix Deutsch (de la Meurthe), parcourant 597 kilomètres ».
(Excelsior, 20 septembre 1911, p. 9/10)

« Dimanche, 17 septembre, s’est disputée la grande épreuve annuelle de l’Aéro-Club de France. Le départ a été donné, comme l’an dernier, des côteaux de Saint-Cloud. 21 pilotes s’étaient inscrits pour prendre part à ce concours, mais malheureusement le manque d’emplacement assez grand a obligé l’Aéro-Club à procéder à une élimination par un tirage au sort, conformément à l’article 47 du règlement de la F. A. I.

Il est intéressant de rappeler l’historique de cette épreuve (…).

Cette année, les concurrents furent désignés comme suit :

  1. M. Vernanchet, champion de l’Aéro-Club des Ardennes. Passager : M. Denoncin.
  2. M. Richard Clouth (Aé.-C. F.). Passagère : Mme Clouth.
  3. M. Jules Dubois (Aé.-C. F.). Passager : M. Jean de Francia.
  4. M. Pesson-Didion (Aé.-C. F.).  Passager : M. G.-E. Bonnet.
  5. M. Georges Ravaine (Aé.-C. F.). Passager : M. Georges Blanchet.
  6. M. R. Rumpelmayer (Aé.-C. F.). Passager : M. Maurice Bienaimé.
  7. M. Jules Leloup. Seul à bord.
  8. M. A. Boegler, champion de la Société des anciens Aérostiers militaires. Seul à bord.
  9. Mme Surcouf, champion de la « Stella ». Passagère : Mme G. Goldschmidt.
  10. M. Jacques Aumont-Thiéville (Aé.-C. F.). Passager : M. Albert Omer-Decugis.
  11.  
  12. M. Louis Pierron (Aé.-C. F.). Seul à bord.

Comme les années précédentes, M. Georges Besançon était commissaire général. Les commissaires sportifs étaient : MM. le comte de La Vaulx, le comte de Castillon de Saint-Victor, M. Alfred Leblanc. Les commissaires-adjoints, MM. Georges Dubois-le-Cour, docteur O. Crouzon, Auguste Nicolleau, Paul Tissandier, Ernest Zens, Georges Lebrun et James Bloch. L’ingénieur Charles Magne, avec son obligeance habituelle apposa les scellés sur les excellents appareils enregistreurs de la maison Jules Richard, qui, comme à l’ordinaire, servaient au contrôle de l’épreuve.

Le temps splendide favorisa la fête ; une foule, aussi nombreuse qu’élégante, envahit la pelouse dès 3 heures. À 4 h. 1/2, les commissaires respectifs donnèrent le départ, dans l’ordre indiqué plus haut. Le vent, assez faible, venait du N.-E., et n’était pas par conséquent très favorable aux pilotes, qui devaient bientôt rencontrer la mer.

Les atterrissages se sont effectués ainsi :

  1. MM. Boegler, à Cubnezais, près Cavignac (Gironde). Distance : 467 kil. (24 h. 55 m.).
  2. Jacques Aumont-Thiéville, à Landes-de-Bussac, près Bussac (Ch.-Inf.). Distance : 452 kil. (21 h. 55 m.).
  3. Jules Dubois, à Laberche, à 2 kil. N.-O. de St-Bonnet (Ch.-Inf.). Distance : 445 kil. (23 h. 24 m.).
  4. Pesson-Didion, à La Chapelle-des-Pots, près Saintes Ch.-Inf.). Distance : 402 kil. (19 h. 13 m.).
  5. Jacques Delebecque, à Les Bourrellières, canton des Sables d’Olonne. Distance : 397 kil. (13 h. 55 m.).
  6. René Rumpelmayer dans l’île de Noirmoutier. Distance : 393 kil. (14 h. 7 m.).
  7. Louis Pierron, à St-Rogatien, à 6 kil. à l’est de La Rochelle. Distance : 391 kil. (23 h.).
  8. Georges Ravaine, à Chaix, près Fontenay-le-Comte. Distance : 355 kil. (20 h. 35 m.).
  9. Richard Clouth, à Ste-Hermine, près de Luçon (Vendée). Distance : 354 kil.  (15 h. 42 m.).
  10. J. Leloup, à Châtenay, commune de Saint-Denis-la-Chevasse (Vendée). Distance : 350 kil. (17 h. 35 m.).
  11. Vernanchet, à Baroü, canton de Grand-Pressigny (Indre et Loire). Distance : 246 kil. (8 h. 55 m.).
  12. Mme Surcouf, à Villemain, ferme de Nicorbon, canton de Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher). Distance : 122 kil. (4 h. 50 m.). ».
    (L’Aérophile, 1er octobre 1911, p. 470)

Troisième Exposition Internationale de Locomotion Aérienne – Salon de l’Aéro-Club de France – Coupe Robert Denoncin :

La 3e Exposition Internationale de Locomotion Aérienne s’est tenue au Grand Palais des Champs-Élysées du 16 décembre 1911 au 2 janvier 1912.

AVIATION – LA NAVIGATION AERIENNE. « Le Salon de l’Aéro-Club de France, rappelons-le, est situé à l’extrémité nord du Grand-Palais. Cette année y sont exposées différentes coupes : Michelin, Archdeacon, Robert Denoncin, Augières, des portraits d’aviateurs et d’aéronautes, des cartes, des pavillons d’aéronautes et de sociétés affiliées, etc. Il se complète d’une très intéressante exposition de maquettes présentées par les sculpteurs concourant pour le monument à élever à la Gloire de l’Aviation ». (Gil Blas, 22 décembre 1911, p. 5/6).

A noter que durant les années 1908/1912, Robert Denoncin participa aussi à quelques courses et rallyes automobiles ainsi que de canots-automobiles (article à suivre) : Coupe de la Presse – critérium de France tourisme 1908 (sur voiture Gobron), Croisière de Paris à la Mer d’août 1910 (sur Canot Automobile Le Gobron), 1ère et 2nde éditions du Rallye Automobile de Monaco de janvier 1911 (voiture Gobron 20 HP coupé) et de janvier 1912 (voiture Gobron-Brillié 40 HP) depuis Paris.

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