Jean Bouin au Collège d’Athlètes

Rédigé par Béatrice Keller

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Qui aujourd’hui connait Jean Bouin ?

Pour beaucoup c’est le nom d’un stade de sport et en particulier celui qui abrite l’équipe de rugby à XV du Stade Français, situé dans le XVIe arrondissement de Paris.

Mais qui connait ce grand sportif qui marqua l’histoire du sport français du début du XXe siècle, et qui mourut au Champ d’Honneur en septembre 1914 ?

Il n’était pas rémois, mais il s’est entrainé avec Georges Hebert au célèbre Collège d’Athlètes de Reims, alors c’était une bonne raison de le faire figurer sur ce site !  Voici son portrait :

Alexandre François Étienne Jean Bouin (né à Marseille le 24 décembre 1888 et mort pour la France le 29 septembre 1914 à Xivray dans la Meuse) était un athlète français de haut niveau, spécialiste de la Course de fond.

Fils de Louis Michel Bouin, commerçant, et de Berthe Emir Pioch, son père décède alors qu’il n’est encore qu’un enfant.  À l’école, l’instituteur de Jean Bouin n’est autre que Joseph Pagnol, le père de Marcel Pagnol. Jean n’arrête pas de courir dans la cour, un jour l’instituteur lui dit : « Arrête-toi de courir grand fada ! Va jouer aux billes avec tes copains. Courir, cela ne te rapportera jamais rien ! ».

Il commence la compétition en 1904 (il a 15 ans).

Sur la photo ci-dessous, c’est le 2ème en partant de la gauche avec le n° 5

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Arthur Gibassier, chroniqueur sportif du Petit Provençal, le remarque, le fait signer au Phocée Club de Marseille et l’embauche comme coursier.

Jean Bouin, ce bon vivant, de petite taille (1,67 m pour 70 kg) au torse puissant, journaliste (notamment au Petit Provençal), remporte quatre titres consécutifs de Champion de France de Cross sous les couleurs du Phocée Club de Marseille (1909) puis du CASG Paris (1910, 1911 et 1912) et gagne trois fois le Cross des Nations à Derby (1911 à 1913) mettant fin à une longue domination des coureurs de fond britanniques. Il améliore, en 1911, le record de France du 10 000 mètres (30 min 58 s 4/5) (titre de champion de France à la clé, et record du monde), et celui du 5 000 mètres  (14 min 36 s 8/10) en 1912  avec le titre de champion de France également. En 1912, il bat aussi le record du monde du 3 miles (4837 m), avec 14 min 07 s 1/5, peu avant les Jeux Olympiques.

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Aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912, il est battu « sur le fil » par son adversaire, le finlandais Kolehmainen.

Il bat le record du monde de l’heure (19,0219 km) le 6 juillet 1913 à Stockholm, un an après les JO dans ce même pays. Ce record augure un avenir radieux pour Jean Bouin. Il se livre alors, à un entraînement intensif au Collège d’Athlètes de Reims, en suivant la « méthode naturelle » de Georges Hebert.

Mais la Grande Guerre mettra fin à ses rêves de titre olympique.

Le voici s’entrainant au Collège d’Athlètes de Reims, dans la tenue voulue par Georges Hébert : le slip.

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Soldat de 2e classe au 163e Régiment d’Infanterie, il est tué au Champ d’Honneur le 29 septembre 1914 à Xivray  lors de l’attaque du « Mont Sec », non loin de Saint-Mihiel dans la Meuse, lors de la Première Bataille de la Marne.

Les circonstances du décès de Jean Bouin sont mal connues. Certains décrivent une mort glorieuse en chargeant les lignes ennemies au cri de « Vive la France ! », d’autres évoquent une erreur de tir de l’artillerie française…

A son colonel qui le mandait à son PC au lendemain de la Bataille de la Marne, il répond : « Que dirait-on si un Jean Bouin ne faisait pas la guerre avec ses jambes ! »

Il est enterré au château de Bouconville-sur-Madt sous le feu ennemi. Quelques jours plus tard, le château brûle. Son corps est rapatrié le 27 juin 1922 avec 39 autres militaires et inhumé au cimetière Saint-Pierre de Marseille (carré 30 n°81).

Sa tombe est ornée d’un buste sculpté par Constant Roux et d’une plaque apposée par la ville.

Jean Bouin fut l’une des plus importantes vedettes du sport français avant la Grande Guerre. Sa mort au champ d’honneur lui a valu de ne pas être oublié entre les deux guerres et nombre d’enceintes sportives ont alors été baptisées du nom de « stade Jean-Bouin ».

Sources :

  • Wikipédia
  • « Reims-Le Parc Pommery » de Michel Thibault, éditions Alan Sutton.

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